Après vingt trois (23) ans de dictature, le peuple Malien venait d’exprimer son Ouf, un soulagement qui, pour une population meurtri demeurait un rêve, transforma les mauvaises périodes sous la deuxième république en souvenirs historiques – cicatrisés dans les mémoires de ceux qui vécurent ces jours, mois et années – au profit d’une nouvelle ère de régime d’où la démocratie avec le multipartisme, une nouvelle législation pour les institutions du pays, moment des grandes réformes administratives pour une gestion pouvant répondre aux attentes d’un peuple angoissé et inquiet pour le développement socio-économique durable conformément aux normes de la mondialisation et aux réalités de la bonne gouvernance démocratique, et un référendum constitutionnel ouvrant les portes du pays à plus de bâilleurs de fonds et qui facilita le renouement des coopérations bilatérales et multilatérales.
Ce peuple innocent dupé croyait en l’avènement de cette démocratie salutaire, un eldorado là où il ferait bon de vivre, où désormais la justice allait combattre l’impunité, rendre à César ce qui lui appartient. Hélas, l’air ne fait pas la chanson, la constitution et les textes législatifs tiennent de fond et de forme pour une bonne gouvernance démocratique, mais leur application et interprétation demeurent outrepassées par le favoritisme, l’inégalité sociale, la loi de la jungle où le plus fort s’impose toujours, en bref une démocratie de façade, une démocratie couverte de mensonge et dénuée de sens dans la pratique.
Cet état de fait en plus de la naïveté, du laxisme et de la passivité des populations donnent un coup de pouce galopant à l’égocentrisme, à l’incivisme, à la corruption où les valeurs citoyennes ne tiennent que de noms, les intérêts collectifs ou de l’Etat délaissés au profit du personnel avec des querelles de positionnement fratricide tant au sein de la classe politique qu’au sein de la société civile, à l’instrumentalisation d’une jeunesse et du corps estudiantin faisant le jeu des politiques, à des transfuges fautes d’ententes et de divergences multiples, et à des tripatouillages électoraux qui nous imposent des élus non crédibles.
Cette démocratie dupeuse saluée et prise pour exemple de par le monde, finit par nous faire revivre les pires moments de la chute de la seconde république par un coup d’état consommé dont le feu scintillait déjà au niveau de toutes les couches sociales suite à des centaines de grèves et de marches de contestation, de protestation, ou de revendication qu’ait connu le pays au cours du second semestre 2012.Comme le dit l’autre, toute révolution fait suite à des perturbations, à des marches et où à des grèves incessantes.
Par ailleurs, une mutinerie des forces armées et de sécurité eut lieu le 21 mars 2012 et se solda à un coup d’état le 22 mars 2012 qui renversa le second régime démocratie du Mali à seulement un mois des prochaines échéances électorales, et mettait frein à cette troisième république par la dissolution brusque unilatérale de la constitution et des institutions de la nation, dont les répercussions diplomatiques furent considérables. Les coopérations ont été coupées court en plus de l’embargo infligé par la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Ces sanctions ont accéléré le retour à l’ordre constitutionnel et au rétablissement des institutions suite à un accord signé et approuvé par la CEDEAO et les putschistes « Accord Cadre » du 06 avril 2012 à Ouaga.
Par ailleurs, la rébellion au nord du pays, territoire qui fait l’objet d’une aspiration à l’autonomie depuis 1958, en plus du contre coup d’Etat manqué le 30 Avril 2012 tenté par une frange de l’armée malienne d’où les bérets rouges restés fidèles au régime déchu, plongea le Mali dans l’impasse d’insécurité. Par conséquent, tous les différents régimes successifs eurent à faire face à cette rébellion, cette fois plus que complexe avec des groupuscules comme le MNLA (Mouvement National de libération de l’Azawad), une minorité dissidente indépendantiste de la communauté Touareg, Ançardine, le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest) et AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique), tous branches du groupe terroriste International Al-Qaïda et islamistes qui viennent imposer la charia à une population innocente déjà pratiquant l’Islam depuis des siècles.
17 janvier 2012, le MNLA appuyé par les groupes islamistes commencèrent les pires exactions et atrocités infligées à l’armée malienne par des massacres des centaines de militaires à Aguelhoc , à la population des trois (3) régions, notamment Tombouctou, Gao, et Kidal par le pillage, le viol, l’amputation, le recrutement d’enfants soldats ; bref des crimes contre l’humanité condamnés par les organisations des droits de l’homme et par les juridictions internationales et nationales.
Animé d’esprit indépendantiste, le MNLA proclame l’indépendance des 2/3 du territoire du Mali le 06 Avril 2012 sous le nom de l’Etat de l’Azawad après un repli stratégique dixit l’armée malienne, ce qui divise le Mali en deux avec comme ligne de démarcation le village de Konna dans le cercle de Douentza. Dans cet état de fait, les différents groupes se partagent le nord du Mali, le MNLA à Gao avec le MUJAO, Ançardine à Kidal et Tombouctou, bien sûr sous le commandement de l’AQMI. Mais des divergences amènent le MUJAO à déloger le MNLA qui était jusque là vu comme acteur principal et Maitre du terrain.
Suite à ces conflits inter groupes, le MUJAO prendra alors les rênes de la plus grande ville, la cité des Askia. Le MNLA trouve refuge chez le médiateur qui les accueille à bras ouvert, et Ançardine a la main mise sur Tombouctou et Kidal, jusqu’au jour où ils décidèrent ensemble, le MUJAO et l’Ançardine de descendre au sud pour l’application effective de la Charia partout au Mali. C’est dans cette logique que la France a apporté son soutien indéfectible à l’armée malienne qui se tenait face aux islamistes terroristes à la ligne de démarcation le 11 Janvier 2013, soit quasiment l’anniversaire du début des exactions. Cette intervention de l’armée française au coté de leur frères d’armes du Mali d’où « l’opération Serval » a permis de repousser les islamistes jusque dans l’Adrar des Ifoghas, dernier bastion des terroristes où les combats sont intenses entre la coalition des troupes françaises et tchadiennes et celles des islamistes.
Pour clore,
- Considérant la mauvaise gestion administrative,
- Considérant la mauvaise gouvernance démocratique de ces deux décennies écoulées,
- Considérant les atrocités et exactions infligées à des populations innocentes,
- Considérant l’insécurité et l’impunité galopante,
Nous, représentants de l’Association pour la Promotion de la Bonne Gouvernance en Afrique et la Lutte contre la Pauvreté (APBCGA), exhortons les autorités de la transition et celles à qui seront remises les rennes du pouvoir de faire preuve de patriotisme
- Pour une bonne gestion des deniers publics, pour une bonne gouvernance adaptée et répondant aux attentes du peuple,
- Pour une justice purifiée à l’encontre de l’impunité,
- Pour une assurance de sécurité des personnes et de leurs biens afin de pérenniser un environnement pacifié, réconcilié, uni où il fera bon de vivre pour toujours.
IBRAHIM KEITA – ISSIAKA BAGAYOKO
RESPONSABLES APBCGA MALI