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UEMOA – BCEAO : Une nébuleuse dans le ventre de l'Euro et symbole de la Francafrique.

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20120605-210033 UEMOA - BCEAO : Une nébuleuse dans le ventre de l'Euro et symbole de la Francafrique.

Notre argent depuis la seconde guerre mondiale, permet au trésor français de bien se tenir. Nos pays, anciennes colonies de la France, continuent à travers la BCEAO et la BCEAC de déposer 50% de leurs réserves d’argent au trésor français, pour obtenir une garantie de convertibilité inutile. Ces dépôts sont estimés aujourd’hui à plus de 8000 milliards de francs CFA, 12 milliards d’euros environ.

C’est-à-dire que pour un franc CFA battu, la France demande en garantie pour assurer sa convertibilité, presque 10 f CFA! Les africains sont loin d’être inutiles à la France. Ils n’ont pas seulement les élites pour le rappeler souvent aux néo-lépenistes et à l’UMP. Le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA) rebaptisé franc de la communauté française d’Afrique reste toujours accroché à l’ancienne Métropole. Les pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) ont choisi de déposer leurs réserves de change au trésor public français. Certains pays du Maghreb et la Mauritanie ont choisi de battre leur propre monnaie et de quitter la zone franc pour une organisation libre de leur économie à l’aube des indépendances. L’Afrique noire française est-elle restée dans le schéma qui a guidé la monnaie en 1945. Les économies devenues exsangues sont toujours surveillées par la France à travers les accords de coopération et les conventions d’opération. Les nouveaux dirigeants français doivent sérieusement penser à relever cette injustice si leurs réelles intentions sont de pousser au développement par le partenariat.

La BCEAO dit-on doit sauvegarder la valeur interne et externe de la monnaie pour garantir la stabilité des prix. Elle a le droit exclusif de l’émission monétaire.

La définition de la politique de change et de réserves de changes reste toutefois la prérogative du conseil des ministres de l’UEMOA. Cette politique tient compte de l’accord de coopération entre la France et les pays de l’UEMOA et les conventions de compte d’opérations conclues avec le trésor français. Les termes de ces accords laissent penser que le CFA est une sous monnaie du franc français, puis de l’euro.

Il existe différents types de régime de change dont le taux de change fixe et le taux de change flexible. Les pays de l’UEMOA ont opté pour cette dernière forme. Le franc de la communauté française d’Afrique (f cfa) est lié à l’euro pour une parité fixe de 655,957 f cfa. Par contre les taux de change avec les autres devises s’effectuent en fonction du cours des marchés. Mais toutes ces devises doivent être converties au préalable en euro suivant la cotation du jour de cette monnaie sur le marché de change. L’accord de coopération signée entre la France et ses ex colonies en 1973 à Dakar prévoit que la France apporte un appui à l’UEMOA pour assurer la libre convertibilité illimitée du f cfa quelles que soient les circonstances. Cela se traduit par la protection contre le risque d’épuisement en devises. La France et ses colonies ont convenu également à la centralisation des réserves de changes des pays de l’UEMOA.

Ces réserves sont utilisées sur le principe de la solidarité. La banque centrale dépose ensuite 50% de ces réserves de change auprès du trésor français sur le compte d’opération, en contrepartie de la convertibilité illimitée garantie par la France.
Ce taux de 50% est entré en vigueur en 2005. Il était de 65% dans le premier accord.

L’article 2 de cet accord stipulait que la banque centrale versera au compte d’opérations du trésor français les disponibilités qu’elle pourra avoir en dehors de la zone d’émission, soit 65% de ses avoirs extérieurs. Les 35% doivent servir à des charges bien définies. Il s’agit des sommes nécessaires pour la trésorerie courante de la banque centrale, pour obligations contractées par les Etats à l’égard du FMI et des sommes libellées en devises auprès de la banque des Règlements internationaux (BRI) etc Le compte d’opération est un compte ouvert au trésor français au nom de la BCEAO. C’est un compte rémunéré qui offre la possibilité d’un découvert illimité. Mais en cas de découvert sur le compte d’opérations le trésor français prélève des intérêts.

Le FCFA est une monnaie imposée par la France à ses colonies en 1939 et officialisée en 1945. Jadis Franc des Colonies Françaises d’Afrique, l’appellation est passée à Franc des Communautés Financières d’Afrique.
La monnaie relève de la souveraineté des Etats, et est surtout le reflet de la politique et des rapports de forces. C’est pourquoi la question du mariage f CFA et euro est un sujet éminemment politique. Cet arrimage du franc CFA à l’euro est un prolongement de l’union française qui regroupait la France et ses colonies. Après les indépendances, le colonisateur n’a pas souhaité couper le cordon ombilical avec ses colonies, notamment dans le secteur économique.
Les pays de l’UEMOA ne sont pas maîtres de leur monnaie, donc de leur économie. L’histoire du franc des colonies d’Afrique montre que cette monnaie est fortement vitale pour l’ancienne métropole.

Le franc CFA, instrument de domination et de spoliation des colonies

Le franc, monnaie française a été imposé par la France à toutes ses colonies. En Afrique le colon exigeait dès 1891 que l’impôt de capitation soit payé en franc français. Les monnaies locales et étrangères étaient ainsi bannies. Les populations africaines étaient contraintes d’introduire dans les échanges le franc français.

Les colonies qui venaient d’adopter la monnaie de la métropole, intégraient du coup la zone franc de l’union française. La zone franc est une zone monétaire unique sans problème de change. On ne pouvait pas encore parler de change puisque c’est une monnaie unique pour la France et ses colonies. Mais la seconde guerre mondiale et ses conséquences sur l’économie de la France va bouleverser l’ordre dans la zone franc. Les transactions avec les colonies sont perturbées par les difficultés du transport maritime avant d’être complètement arrêtées. L’inflation sévit partout et s’en est suivie une perte globale de la compétitivité de la zone franc. La France affaiblie économiquement par la guerre, enregistrait une dépréciation forcée de sa monnaie face à la livre sterling et au dollar américain.

Une reforme monétaire s’imposait dans la zone franc pour une reprise des exportations. Ce sont les colonies qui vont payer le prix fort. La France décide le 25 décembre 1945 de dévaluer le franc et de créer des devises pour ses colonies avec des parités fixes. Les francs des colonies françaises d’Afrique (CFA) et des colonies françaises du pacifique (CFP) furent ainsi créés.

La création de cette sous monnaie permet à la France d’importer beaucoup moins cher et de vendre plus cher à ces colonies. Le pouvoir d’achat dans les colonies devenait également très élevé avec la hausse des prix des marchandises importées, et la baisse des prix des produits exportés des colonies.

Ces colonies qui ont participé à l’effort de guerre devront encore continuer à se saigner pour le relèvement de l’économie française. Les producteurs africains devront exporter plus pour acheter moins. La France reprenait ainsi les échanges commerciaux par une spoliation de ses colonies. Le f CFA est donc une monnaie de spoliation dans ses origines. Il n’y avait rien de surprenant que cette intégration économique forcée des colonies servait plus le peuple français. Le pacte colonial en vigueur était l’expression de cette véritable spoliation aggravée par l’effort de guerre et le f cfa. Ce pacte colonial imposait que les colonies ne pouvaient vendre et acheter qu’avec la métropole. Les prix sont fixés également par la puissance. Elles ne pouvaient pas avoir d’industries, la France se chargeait de la transformation des matières premières.

La BCEAO , une œuvre de la France

Le FCFA est resté sous le contrôle exclusif de la métropole, et il a fallu attendre la signature de la loi cadre en 1946 pour que quelques aspirations des colonies soient prises en compte. Il a été créé l’institut d’émission, un établissement public national français avec siège à Paris. C’est lui qui a le privilège exclusif d’émettre des billets de banques pour les pays de l’Afrique occidentale française. La politique monétaire reste toujours le monopole de la France. La réglementation, la législation relative à la monnaie et aux changes reste toujours de la compétence de la France.

Cet institut d’émission qui joue le rôle de banque centrale servira à financer l’économie française. Il faut donc remonter à la convention de 1955 pour comprendre les liens séculaires entre le trésor public de France et la BCEAO. La banque centrale de l’UEMOA est le prolongement de l’institut d’émission. Les opérations de change avec la BCEAO, tout comme l’institut d’émission sont exécutées dans le cadre de la convention de compte d’opérations signée en 1955 entre l’institut d’émission et le trésor public français. Cette convention stipule que l’institut dispose d’un compte courant ou compte d’opérations au trésor public français, l’institut d’émission y verse tous ses avoirs qu’il se constitue hors du territoire d’émission, exception faite des sommes faites pour sa trésorerie courante. Lorsque le solde du compte est débiteur, le trésor prélève des intérêts et si le solde est créditeur, il reste en dépôt au trésor français.

Cet institut d’émission subit une transformation en 1959 pour devenir banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sous contrôle français. Les attributs et les fonctions ne changent pas. Pour une fois les africains entrent au conseil d’administration avec huit représentants et huit pour la France. Mais ce n’était que formelle, puisque les décisions dépendaient beaucoup plus de la métropole que des africains. La BCEAO a évolué sous ce statut jusqu’en 1972. Les pays de l’UEMOA vont en ce moment demandé des réformes de l’institution. Le général Marc Garango ministre des finances de la Haute Volta fut le président du comité de réflexion de cette réforme.

Il semble que cette prise de conscience a été impulsée par le retrait de la Mauritanie et des pays du Maghreb de la zone franc. Ces pays ont décidé de battre leur propre monnaie.

Le président mauritanien expliquait en ces termes les raisons de battre une monnaie. « Nous savons qu’on ne peut être indépendant économiquement si on ne bat pas sa propre monnaie. Si on n’a pas la maîtrise totale de la politique de crédit. Cette monnaie sera garantie par nos moyens nationaux malgré la sécheresse qui nous a accablée pendant trois années consécutives ». Les pays de l’Afrique noire française ont préféré évoluer dans le giron français. Le renforcement du soutien de l’Etat français pour garantir la convertibilité du f CFA au niveau international a été même sollicité. Les quelques réformes recommandées n’ont pas été du goût des autorités françaises qui y voyaient des velléités d’autonomie. Les pays de l’UEMOA vont néanmoins forcer la main de la France et obtenir une gestion partagée de la banque centrale sous un accord de coopération signée par les deux parties.

Les pays de l’UEMOA vont obtenir l’africanisation de la banque centrale. Cela inclut une autonomie surveillée de gestion, le transfert de siège de la BCEAO sur le continent africain et le remplacement des français par des cadres africains au sein de la banque. Dakar fut choisi pour abriter le siège de la banque. C’est d’ailleurs dans cette ville que furent implantées les premières banques coloniales. L’esprit colonial demeure toutefois dans cette nouvelle gestion et ce partenariat négocié sous des conditions. La France maintient sa présence avec deux représentants dans le conseil d’administration de la banque centrale et participe à toutes les délibérations

Les comptes d’opération:

Il y a actuellement environ 8000 milliards de francs CFA venant de la BCEAO et la BCEAC stockés au Trésor public, soit plus de 12 milliards d’euros. C’est autant d’argent qui est amputé du budget des États de la zone franc. La France rémunère les banques centrales africaines en intérêts, tout en se servant au passage grâce à des placements privés (des sommes dégagées au profit de la France qui se comptent en centaines de millions d’euros). Pire, la part d’intérêts versée aux banques centrales est comptabilisée dans l’Aide Publique au Développement !

Lorsque le rapport entre les avoirs extérieurs nets et les engagements à vue de chacune des Banques centrales est demeuré, au cours de trois mois consécutifs inférieur à 20 %, le Conseil d’administration de la Banque centrale concernée se réunit en vue d’adopter les mesures appropriées : relèvement des taux directeurs, réduction des montants de refinancement. Les statuts de la BCEAO précisent que lorsque les disponibilités en compte d’opérations présentent une « évolution qui laissera prévoir leur insuffisance pour faire face aux règlements à exécuter, elle devra alimenter le compte d’opérations par prélèvement sur les disponibilités qu’elle aura pu se constituer en devises étrangères autres que le franc, demander la cession à son profit, contre francs CFA, des devises détenues par les organismes publics ou privés des pays membres (pratique dite du » ratissage « ), et invitera les Etats membres à exercer leurs droits de tirage sur le Fonds monétaire international.
Si le nouveau Président de la République Française, Monsieur François Hollande, veut mettre fin à la Francafrique, il y a lieu de reconsidérer l’utilisation de ces 12 milliards d’euros pour le développement des pauvres pays d’Afrique.

La politique française africaine doit s’inspirer du modèle anglais du « partnership » et du traitement d’Etat à État. Le Royaume Uni est plus respectueux du droit des africains que la France. Les réussites du Commonwealth sont sans commune mesure comparées à la fuite en avant de la coopération de la France avec l’Afrique qui jusque la est tout sauf transparente et juste. Il est bien de parler de coopération pour lutter contre la corruption. Mais en plus nous demandons que la France, berceau de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, aille plus loin pour participer au véritable redressement des pays africains qui manquent de tout!

Par Abdoul Razac Napon,
Pour la synthèse hebdomadaire, revue, ajustée, actualisée et corrigée
Seydina Oumar Toure

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