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Politique : Six mois d’Alpha Condé : meilleur en gouvernance comparé à ses prédécesseurs

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alpha_conde-300x273 Politique : Six mois d’Alpha Condé : meilleur en gouvernance comparé à ses prédécesseursSix mois et quelques jours après l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, les Guinéens qui végètent dans une misère depuis 52 ans attendent toujours les premières reformes durables pour un véritable décollage économique. A cet égard, la rédaction de Guinéenews© se propose de faire un bilan des six mois de pouvoir d’Alpha Condé. Bonne gouvernance……Sur la base du constat de nos reporters sur le terrain, force est de reconnaître qu’en matière de bonne gouvernance (mobilisation des ressources financières importantes pour le trésor public, la stabilité plus ou moins du franc guinéen par rapport aux devises étrangères, etc.), le président Alpha Condé est, du moins pour l’instant, meilleur par rapport à ses prédécesseurs. Mais, le chef de l’État aurait pu capitaliser ses acquis en créant les emplois pour les jeunes diplômés à travers un programme de développement national adéquat.

Sur le plan financier, l’érection du principe de l’unicité des caisses de l’État en une loi de la République est à saluer, car cela dénote de la volonté de rompre avec les détournements des deniers publics avec les régies financières parallèles.Alpha Condé a réussi à supprimer l’impôt per capita, qui constituait un lourd fardeau pour les populations rurales.S’il y a eu des reformes économiques importantes, des luttes courageuses contre la délinquance financière, force est de constater que le quotidien du Guinéen ne s’est guère amélioré. Car les problèmes d’eau courante, d’électricité, de la cherté de la vie, du manque de transport public, de santé publique, d’éducation, d’emploi, se posent avec la même acuité.Parmi les mesures volontaristes mais ratées, il faut citer notamment la fourniture des populations en riz bon marché et l’interdiction du marché parallèle des devises. Comme le gouvernement se veut commerçant, il devrait envisager un approvisionnement abondant et suffisant, dans les deux cas, pour éviter toute spéculation…..

De la formation du gouvernement et du retour des caciques du régime Conté

Nombreux sont les Guinéens qui ont été déçus des nominations d’Alpha Condé même si tous ne sont pas mauvais. Outre la désillusion qu’ils ont connue lors de la composition du gouvernement, les Guinéens ont été, dans leur écrasante majorité, choqués d’apprendre le retour de certaines personnes comme conseillers d’Alpha Condé.

L’on s’accorde généralement à dire que la première grande déception est venue de la composition du gouvernement. Le premier gouvernement d’Alpha Condé était censé marquer une certaine rupture avec le passé, donc un « changement » avec tous les gouvernements qui se sont succédé en Guinée avec les résultats connus. Mais, la montagne a accouché d’une souris par la nomination d’un premier ministre parfaitement inconnu des Guinéens et sans carnet d’adresses…. Comme nous disait récemment un ancien député de la défunte assemblée nationale guinéenne : « on ne peut pas faire le changement en recyclant les anciens, dont certains sont à la base du retard non seulement de la Guinée, mais aussi des troubles sociaux que le pays a connus en juin 2006 et janvier-février 2007… »La deuxième déception viendra de la qualité et du nombre pléthorique des membres du gouvernement. En effet, nommés sans structure gouvernementale, donc sans objectifs précis, ni domaines de compétences bien définis, le gouvernement est essaimé de 43 ministres, souvent avec des portefeuilles superfétatoires notamment avec deux ministres de la sécurité, deux ministres des Affaires sociales, deux ministres des Guinéens de l’étranger et deux ministres des Transports.Certains portefeuilles ministériels sont attribués à des hommes qui n’avaient pas de compétences avérées dans ces domaines ou – plus grave – qui avaient une moralité douteuse dans un gouvernement dit de « changement » : ministère des Affaires étrangères, ministère de l’Agriculture, ministère des Postes et télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information, etc….Pour un homme qui a « hérité d’un pays, mais pas d’un État », il eût été mieux de crédibiliser l’État en le dotant de structures lisibles, délimitées, fonctionnant avec des hommes rigoureux, compétents et intègres et n’ayant jamais été mêlés, de près ou de loin à des malversations financières.Ce ne fut pas toujours le cas, constate-t-on amèrement. Hélas !

Des problèmes sociaux de base …..

En six mois de gouvernance d’Alpha Condé, le manque d’eau, d’électricité, de nourriture, d’infrastructures sanitaires, routières se pose avec la même acuité à Conakry et dans les villes de province.

Dans le domaine rizicole, l’information qui rassure votre quotidien c’est d’avoir été informé qu’à l’intérieur du pays, les Chinois, Indiens et autres éléments des forces armées sont en train d’aménager des pleines rizicoles pour assurer l’autosuffisance alimentaire. Mais là également, par manque d’un programme de développement adéquat, il y aurait quelques petits soucis quant à la durabilité de telles actions.Dans le domaine sanitaire, l’échec est cuisant, car à date, aucune réforme courageuse n’est entreprise pour soulager les populations guinéennes en matière de santé. Il faut toutefois noter que le chef de l’État a fait preuve d’un bon leadership face au manque criard de poche de sang dans nos hôpitaux.Sur le secteur de l’électricité, le gouvernement communique peu, se méfiant sans doute des promesses. Par contre, quelques sept mécaniciens coréens ont été vus à la télévision en train de s’activer sur les vieux groupes de Tombo.Alors que certains pylônes et une partie des câbles qui transportent l’électricité du barrage hydroélectrique Garafiri à la ville de Conakry ont été volés, le gouvernement n’a encore rien mis en place pour le transport de l’électricité quand la pluviométrie sera favorable. Conakry, son centre d’affaires Kaloum et sa banlieue, sont dans les ténèbres.Dans les couloirs de la présidence, on parle de la surprise du chef et certaines indiscrétions parlent de la fin de l’obscurité à Conakry à la fin de l’année. En tout cas, à se fier aux informations relatives au PER (projet d’électricité rurale) financé par la BAD (banque africaine de développement) ; tout porte à croire que la desserte en électricité dans les zones où passent les lignes de transport du courant, basse, moyenne et haute tensions, sera bientôt améliorée.

En vérité, Alpha Condé comptait énormément sur le gouvernement libyen pour financer son programme minimum d’urgence. Il espérait ainsi faire une bonne surprise aux Guinéens en leur fournissant un accès rapide à l’eau et à l’électricité courante, avant les élections législatives. La nature en a décidé autrement avec les événements en Libye. Mais, nous avons appris que le gouvernement semble avoir un plan B dont nous ignorons le contenu.
Certaines indiscrétions rapportent que les sept cents millions de dollars payés par le géant minier Rio Tinto pourraient être utilisés en partie pour régler le problème d’électricité. Problème : l’acquisition d’une telle manne en si peu de temps fait sortir la Guinée des critères des pays pauvres très endettés (PPTE) dont le point d’achèvement de l’initiative permet d’effacer plus deux milliards de dollars américains de dette.

De la reforme de l’Armée guinéenne

La reforme des forces de défense et de sécurité, un vaste programme de longue durée entamée sous la transition avec le général Konaté, semble avoir un coup d’arrêt sur certains aspects.Le programme de casernement des militaires, afin de leur garantir un meilleur cadre de vie, est suspendu par l’arrêt des travaux de reconstruction des camps militaires. En plus, le déploiement à l’intérieur du pays du contingent militaire qui avait été formé par les Américains pour assurer la sécurité présidentielle fait une boule de neige au sein la grande muette.En revanche, l’Etat annonce le départ de près de quatre mille militaires à la retraite par le biais du ministre de la Jeunesse et de l’emploi jeune. Cette communication du ministre Bantama Sow à N’zérékoré a été mal perçue. Car, aux yeux des observateurs, celui-ci était mal placé pour parler publiquement d’un problème aussi sensible concernant la mise à la retraite d’une frange des forces armées.
En ce qui concerne les infrastructures routières, Alpha Condé a promis d’associer dorénavant le génie militaire à la réalisation de tous les travaux de bitumage.

Des premières mesures concrètes…

Sans aucun doute, le gouvernement d’Alpha Condé a réussi un coup dans le domaine de la sécurité. En effet, les innombrables et inefficaces barrages tenus par la police et la gendarmerie à Conakry et à l’intérieur du pays ont été supprimés.Toutefois, depuis deux mois les attaques à mains armées par des hommes en tenue militaire se multiplient à Conakry sans que les enquêtes policières ne donnent aucun résultat.Concernant la circulation routière, une meilleure gestion du flux des véhicules selon les horaires de travail a permis de réduire considérablement les embouteillages à Conakry.

De même, les armes de guerre (chars, mitraillettes et fusils d’assaut, etc.) sont de moins en moins visibles à Conakry. Là aussi, les observateurs donnent un coup de chapeau au professeur Alpha Condé pour ce travail courageux !Sur le plan diplomatique, la Guinée est devenue fréquentable. C’est ainsi qu’Alpha Condé a pu se rendre notamment au Burkina Faso, au Mali, au Sénégal, au sommet de l’Union Africaine, en France, en Afrique du Sud, en Éthiopie, en Turquie et récemment en Guinée Équatoriale, etc …..Cependant, l’épineux problème de salaires et frais de fonctionnement de nos missions diplomatiques reste non résolu à date. L’on a quand même appris que quelques arriérés de salaire de nos diplomates ont été payées récemment, mais pas les frais de fonctionnement.

Des promesses non encore tenues et des secteurs oubliés.

Le président Alpha Condé avait promis lors de sa campagne électorale de faire les états généraux de l’éducation, de la santé, de la justice, etc. Plus de six mois après sa prise de fonction, seuls les états généraux de la justice ont été tenus. Or, ce sont les résultats des travaux des états généraux de ces différents secteurs qui devront définir la politique du gouvernement à court, moyen et long termes.Pour redynamiser le secteur agricole, le gouvernement a distribué d’importantes quantités d’engrais et de semences pour une réussite de la campagne agricole. Alpha Condé qui est conscient que « la Guinée est d’abord un scandale agricole avant d’être un scandale géologique », a confié ce domaine à un homme qui n’en a aucune compétence. Et le nom de ce dernier est régulièrement cité dans des histoires de détournement et de complicité d’escroquerie….
L’opération de vente du riz a parfois tourné au ridicule. De véritables chasses à l’homme avaient été organisées pour traquer toute personne revendant le sac de riz ayant le même modèle que celui de l’État, alors que le commerce n’avait pas été interdit !

De même, le marché parallèle des devises a été interdit alors que les banques primaires n’ont souvent, pas suffisamment de devises pour satisfaire toutes les demandes.La pêche a été confiée à un armateur, sans qu’aucune politique de pêche ne soit définie. Mais, faut-il le noter, le chef de ce département est l’un des rares ministres du gouvernement Saïd qui pose des actes concrets depuis sa nomination. La surveillance maritime, quant à elle, a baissé les bras, le ministre étant lui-même un pêcheur, laissant un champ libre à une pêche sauvage et incontrôlée par des bateaux de pêche asiatiques, opérant même dans les zones de ponte et de reproductions des poissons. Ce « braconnage » des produits halieutiques guinéens est fait au nez et à la barbe des surveillants, tantôt corrompus tantôt intimidés par l’ « autorité supérieure » de la pêche. Pourtant, le gouvernement guinéen avait mis une navette performante à la disposition du Centre National de Surveillance et de Protection des Pêches (CNSP), pour traquer les contrebandiers. Mais à date, les résultats restent mitigés !En outre, la hausse des taxes et des impôts sur les biens de consommation nuisibles à la santé publique comme le tabac et l’alcool dans la nouvelle loi des finances est jugée insuffisante. Toute chose qui aura peu d’incidences sur la réduction de la facture de la santé publique et sur l’augmentation des recettes de l’État.

Des signes avant-coureurs d’une crise politique

Alors que les élections législatives étaient prévues six mois après les présidentielles, Alpha Condé compte reprendre le fichier électoral. L’opposition n’entend pas de cette oreille. Si l’on sait qu’aucun acte concret n’a été encore posé pour une véritable réconciliation nationale, il est à craindre que les mois à venir, une nouvelle crise politique éclate….

Les compagnies étrangères : la carotte et le bâton….

Le président Alpha Condé n’a pas hésité un seul instant de résilier la concession de 25 ans qui liait l’État guinéen à la société française Necotrans relative à la gestion du port de Conakry. En outre, les compagnies minières sont sous la menace d’un nouveau régime juridique avec l’adoption d’un nouveau code minier.Après Rio Tinto, des discussions sont en cours avec les miniers Vale, Bellzone, etc…. Le tout dans une ambiance de menace de renégociation dans un nouveau code minier dans lequel la Guinée veut s’octroyer 45 pour cent de toutes les parts sociales des compagnies minières présentes sur son sol.Après la visite d’une délégation du MEDEF en Guinée, le président guinéen espère un investissement massif des compagnies françaises notamment EDF pour l’électricité, la SAUR pour l’eau et GeoCoton pour la relance sur secteur cotonnier.

Rattraper 50 ans de retard en 5 ans ?

Tel est le leitmotiv et le défi que le président Alpha Condé s’est publiquement lancé. Arithmétiquement, cela revient à rattraper 10 ans de retard en un an de gestion. Et d’avoir donc déjà rattrapé 5 ans de retard en 6 six mois à la présidence.Au président de la République le professeur Alpha Condé de dire, s’il l’a fait.

Amadou Tham Camara et Youssouf Boundou Sylla pour Guinéenews

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