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Les 10 pays les moins dangereux d'Afrique

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A l’occasion de la réactualisation du Global Peace Index (GPI) pour l’année 2012, nous vous proposons un classement des dix pays d’Afrique, réputés les plus sûrs, sur un total de 158 pays dans le monde.
Réalisé par Vision of Humanity, un regroupement de think-thanks et d’experts, et soutenu par des personnalités internationales comme le Dalaï-lama, le GPI s’appuye sur vingt-trois indicateurs quantifiables. Il propose de nombreuses autres données pour se faire sa propre interprétation du classement qu’il délivre depuis 2007.
Ce classement est par essence biaisé, et ce pour plusieurs raisons. Il ne tient compte que de vingt-trois facteurs, et il est évidemment difficile de juger de la paix dans un pays à partir d’une si faible quantité de données.
Par exemple, les chiffres sanitaires ne sont pas pris en compte, alors que la mortalité due au sida est très importante dans plusieurs des dix pays que nous listons ici.
Ensuite, les données pour le Soudan du Sud, la Somalie, le Togo et le Sahara occidental ne sont pas prises en compte dans ce classement.
Enfin, des gouffres séparent parfois certains des pays cités plus bas.
Il n’est cependant pas inintéressant de chercher à comprendre les facteurs de paix, et de tenter d’en faire l’analyse.
Pour l’anecdote, les dix pays qui suivent sont tous mieux classés que les Etats-Unis d’Amérique (88e), la majorité des pays d’Amérique latine, ou encore, l’Ukraine (71e, où se tient l’Euro de football, depuis le 8 juin).
N°10 – La Tanzanie et la menace sécessionniste
Ce pays de la côte est africaine est réputé être une destination touristique, un haut lieu de safaris, au milieu de paysages somptueux. Tout comme le Mozambique (lire plus bas), il peut compter sur des plages de sable fin, et des couchers de soleil dignes de cartes postales.
Qui dit tourisme, dit sécurité. Et en Tanzanie, la sécurité s’est obtenue à la faveur de la fusion entre le Tanganyika et l’île de Zanzibar, après leurs indépendances respectives, en 1961 et 1963, sous la houlette du président Julius Nyerere, élu démocratiquement et resté 29 ans au pouvoir, jusqu’en 1985, sans mettre en place de régime dictatorial ni autoritaire.
La Tanzanie n’est cependant pas un exemple irréprochable de démocratie, et des tensions se font ressentir depuis quelques mois entre les velléités indépendantistes islamistes de Zanzibar vis-à-vis du gouvernement central de Dodoma.
A l’occasion du forum de la renaissance islamique, qui se tenait à Stone Town (la capitale de Zanzibar) en juin, des demandes de référendum d’autodétermination se sont fait entendre, même si le gouvernement central reste muet à ces aspirations. Et certains observateurs voient déjà l’île sombrer dans le chaos. Des Églises chrétiennes y ont déjà été incendiées…
N°9 – Le Maroc, ses richesses, ses divisions
Pays touristique s’il en est un au Maghreb, le Maroc est fort de son histoire, fier de sa monarchie, riche de son patrimoine, de ses influences et sa diversité.
Mais dans un royaume qui tire une part importante de ses revenus des services et du tourisme, on doit faire en sorte que tout aille bien, du moins en apparence.
Les touristes ne verront pas les disparités du Maroc. Ils visiteront le faste de Marrakech, la médina de Fès, achèteront à prix d’or des babioles souvenirs à des hommes en turban, toujours souriants, le tout, dans la plus parfaite sécurité.
Mais une épine reste profondément plantée dans le pied du royaume chérifien: la question du Sahara occidental. Allez dire à un Sahraoui que le pays est sûr, qu’il n’y a pas de problèmes, et vous verrez sa réaction.
Le problème du Maroc est que la relative sécurité dont il jouit dépend surtout de l’appartenance communautaire. L’accès aux armes y reste relativement facile, et il ne faut pas oublier qu’une partie du rif, au nord, est contrôlée par les mafias de la drogue, avec l’accord tacite des autorités.
Enfin, la liberté de parole reste limitée aux domaines peu sensibles. Le 14 juin, un blogueur à la langue un peu trop pendue a d’ailleurs été condamné à deux ans de prison pour… trafic et détention de drogue, dans des circonstances floues et suite à un procès truffé d’irrégularités.

Près de Tifariti, dans le Sahara occidental, le terrain reste miné, by REUTERS/Juan Medina
N°8 – Le Lesotho, une nation, un roi
Cette petite enclave en plein milieu de l’immensité sud-africaine doit son calme en grande partie à son ancienneté. Le Lesotho, depuis son indépendance, et même avant, vit sous l’autorité d’une dynastie dont le fondateur est célébré tous les ans pour avoir su unir et préserver la nation des influences extérieures, et notamment, d’une intégration à l’Afrique du Sud.
Même si en raison de troubles internes, le roi a du s’exiler pendant la décennie 1990, le retour au calme s’est rapidement opéré, et les pouvoirs du roi ont été transférés à une assemblée élue. Les deux cohabitent aujourd’hui.
Le prix de cette unité est que le Lesotho compte parmi les pays les moins avancés. Ses ressources restreintes, son économie basée sur l’agriculture, et sa presque totale dépendance de l’Afrique du Sud font de lui un Etat endetté et pieds et poings liés aux aides extérieures.
Il peut cependant compter sur ses importantes ressources en eau, qui devraient, une fois toutes les infrastructures mises en place, devoir lui permettre de fournir une partie de l’Afrique australe, et ainsi, alléger sa dépendance vis-à-vis des pas voisins.
N°7 – La Sierra Leone peut enfin avancer
Ce pays d’Afrique de l’Ouest a hélas beaucoup fait parler de lui ces vingt dernières années, en raison d’une guerre civile qui a pris fin en 2002. Depuis, le pays connaît une embellie relative, voire significative, si l’on compare la situation d’avant la fin de la guerre à aujourd’hui.
Le 30 mai 2012, l’ancien président libérien Charles Taylor a été jugé coupable par la Cour pénale internationale de crimes contre l’humanité en Sierra Leone, où il était accusé d’avoir armé en sous main les rebelles du Revolutionary United Front (RUF) contre des diamants, et d’entretenir une guerre civile qui aura officiellement fait 10.000 morts et plus de 2 millions de déplacés.
Le pays est aujourd’hui en paix, connaît l’alternance politique, la liberté de la presse et peut enfin se développer. Pour que la page soit tournée, il fallait que Charles Taylor et ses complices soient jugés. Tout le monde ne le fut pas, mais la tête de gondole, si.
La Sierra Leone a cependant tout à reconstruire, et son économie repose encore sur l’exploitation des pierres et métaux précieux (diamants et or), qui furent l’une des clés de la guerre civile. De nombreux enfants travaillent encore dans ces mines.

N°6 – La Zambie, une ombre au tableau
On dit souvent que le football est un baromètre de la société. Et bien le monde entier a pu découvrir, à l’occasion de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2012, que la Zambie est un Etat qui se porte plutôt bien, puisqu’il l’a remportée.
Les statistiques de Vision of Humanity sur la Zambie sont en constante progression depuis 2007, et les libertés individuelles sont dans l’ensemble assurées. C’est notamment l’un des pays les moins corrompus d’Afrique (toute proportion gardée). Le tourisme s’y développe et les amateurs de safari connaissent bien cette destination.
Une ombre plane cependant sur cle tableau. Le taux d’homicides est en constante progression, si bien que le pays est classé parmi ceux, en Afrique, qui comptent le plus de meurtres annuels, proportionnellement à leur taille. Et ce, en raison d’un accès aux armes légères relativement aisé, selon les chiffres de l’Economist Intelligence Unit cités par le GPI.
N°5 – Le Ghana, un îlot de tranquillité en terres hostiles
La dernière élection présidentielle au Ghana, qui a abouti à une alternance, fut saluée par la communauté internationale pour sa transparence, et le calme dans lequel elle s’est déroulée. Or dans la région, ce n’était pas couru d’avance, et si le Ghana est considéré comme un pays calme, les Etats alentours ne peuvent pas en dire autant.
Or les voisins sont un facteur déterminant de la stabilité d’un pays, et le Ghana, pays de l’Afrique de l’Ouest, se situe dans une région en pleine crise.
A l’est, le Togo souffre de heurts entre manifestants et forces de l’ordre, en raison de tortures et de manipulations électorales du pouvoir en place, qui cherche à se maintenir. A l’ouest, la Côte d’Ivoire vit une difficile transition à la suite de l’élection d’Alassane Ouattara et la colère des pros-Gbagbo, qui divisent le pays. Dans toute la région, enfin, les tensions ethnico-religieuses entre musulmans et chrétiens pèsent.
Si le Ghana peut maintenir un îlot de stabilité au cœur de cette région, c’est en comptant sur une presse libre et privée, une police relativement peu corrompue qui assure la sécurité, et la faible perméabilité au transit d’armes. Ce pays est aussi régulièrement décrit comme un des «lions» économiques émergents.
Mais en raison de l’instabilité régionale, les chancelleries déconseillent de visiter ce pays, dont la ressource principale n’est pas et n’aspire pas à être le tourisme, mais l’agriculture et les matières premières.
N°4 – La Namibie, entre campagnes et villes
«A Windhoek et dans les autres villes du pays, les conditions de sécurité connaissent une dégradation continue et nécessitent une vigilance accrue depuis quelques années», prévient le ministère des Affaires étrangères français sur son site internet. Le Global Peace Index se veut beaucoup plus rassurant, puisque par rapport à 2011, la Namibie a progressé dans le classement mondial.
Il faut dire que le GPI ne tient compte des vols à main armée que dans la catégorie «criminalité ressentie». Or c’est principalement contre ces violences que mettent en garde les différentes chancelleries. Ces vols peuvent être assorits d’agressions physiques dans les grandes villes.
En dehors des agglomérations, le pays reste calme et prisé pour ses paysages spectaculaires et très variés. Seulement, en raison de l’insécurité qui règne encore dans les rues de la capitale, le tourisme piétine, et l’afflux des étrangers demeure faible.

Beaucoup de vols à main armée ont encore lieu à Windhoek, by Flickr/ © John Hogg/World Bank
N°3 – Le Mozambique aspire au tourisme, mais…
De nombreuses fraudes électorales ont entaché les élections de 2004, dans cette république de l’Afrique de l’Ouest, encore marquée par son récent et violent passé. Une guerre civile y fit rage jusqu’en 1992, et les emblèmes du pays, la bêche et… la Kalachnikov le rappellent à chaque instant.
Des points positifs sont cependant à noter, notamment la liberté de la presse, le très faible taux d’incarcération, une économie tournée vers l’exportation et un faible taux de chômage.
Le Mozambique reste malgré cela l’un des pays les plus pauvres, et son économie, archaïque, repose sur l’agriculture et l’exportation de matières premières essentiellement.
Le pays peut aussi compter sur sa façade littorale de 2.000 km, très attractive pour le tourisme et la villégiature, majoritairement sud-africains. Mais le pays souffre de plusieurs problèmes environnementaux, et est alternativement frappé par des inondations ou des sécheresses.
N°2 – Le Botswana nargue la France
Un gouffre de dix-sept places sépare le Mozambique et le Botswana.
Dans ce dernier, la corruption est quasiment nulle, et on pourrait presque le comparer à un petit eldorado. Le Botswana tient en effet, dans une zone fragilisée par les conflits voisins, la dragée haute à tous les pays africains par la sécurité qui y règne.
Si bien que Gaborone peut se vanter d’être, au classement GPI, la capitale d’un pays réputé plus sécurisé que l’Italie ou encore…la France.
Le Botswana jouit d’un faible taux d’incarcération, d’une faible présence d’armes, de processus électoraux transparents et d’une relative paix sociale.
Les 1,8 million de Botswanais doivent leur tranquillité à une croissance économique vertigineuse, qui l’a faite sortir de la peu reluisante catégorie des pays les moins avancés en 1994, en s’appuyant notamment sur son très influent voisin sud-africain.
Un signe de l’interdépendance entre les deux pays est le fait que la capitale Gaborone se situé sur la frontière avec l’Afrique du Sud. L’économie du pays est en effet basée sur la délocalisation de services.
Mais le Botswana peut aussi compter sur un sous-sol riche en minerais, diamants et énergies fossiles.
Tout n’est évidemment pas rose, puisque, comme dans toute la région, les problèmes sanitaires sont loin d’être réglés, le sida fait encore des ravages, et l’espérance de vie reste très réduite. Mais la mortalité infantile évolue à un niveau assez faible, et l’éducation progresse.
Le Botswana a récemment fait parler de lui avec la visite très remarquée et critiquée du roi d’Espagne Juan Carlos, venu chasser l’Eléphant en avril.
La sécurité de cette espèce protégée et en voie de disparition, reste, elle, bien incertaine…

Le roi d’Espagne Juan Carlos est venu chasser l’éléphant au Botswana, by Reuters/Stringer Mexico
N°1 – Maurice, une île ouverte sur le monde
Située au large de Madagascar, cette petite île d’1,2 million d’habitants et 1.800 km2 décroche le titre de pays africain le plus sûr. Il squatte la tête de l’indice Ibrahim de la meilleure gouvernance des pays africains depuis plusieurs années. Le pouvoir d’achat de ses habitants dépasse celui des pays émergents. Et tout semble aller bien dans le meilleur des mondes.
Indépendante depuis 1968, l’île Maurice a connu un essor économique sans pareil: industrie et finance, couplée à une forte fréquentation touristique, le pays a abandonné une économie auparavant basée sur l’agriculture, et a su se rendre autosuffisante. De nombreux centres d’appel internationaux y ont notamment été délocalisés.
Et comme l’essor économique et du niveau de vie, ainsi que le faible taux de chômage sont généralement des facteurs de paix sociale, il est tout à fait logique de retrouver Maurice en tête du classement GPI.
Mais comme partout, il y a bien un revers de la médaille, comparable aux situations que l’on peut voir dans certains pays européens (que l’île Maurice devance pour leur majorité dans le classement GPI). En effet, l’écart se creuse de plus en plus entre les classes les plus riches et les classes moyennes qui se paupérisent, et de nombreuses personnes habitent encore dans des taudis.
Malgré cela, et la forte densité de population, les manifestations et les homicides restent relativement bas, et le pays a su se tenir à l’écart de la flambée de violences que son voisin réunionnais a subie en février 2012.
Antoine Galindo

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