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Abdoulaye Wade, président du sénégal: l'éternel combattant

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wadd Abdoulaye Wade, président du sénégal: l'éternel combattantMarc-André Boisvert, collaboration spéciale
La Presse

(Dakar) Un mystère plane toujours autour du visage anguleux d’Abdoulaye Wade. Officiellement, il a 85 ans. Mais au Sénégal, une légende dit qu’il serait plus vieux. Peu importe. Malgré son âge avancé, celui qu’on appelle Gorgui («le Vieux», en wolof) garde son âme de combattant.
Élu en 2000, Wade a mis fin à 40 ans de pouvoir du parti socialiste. Emprisonné à plusieurs reprises, il a combattu férocement pour devenir président et le rester. Le secret de ses deux victoires électorales: la mobilisation des jeunes. Mais le vent semble avoir tourné. Dans la dernière semaine, les jeunes sont massivement descendus dans la rue contre Wade et ses alliés.
Visionnaire ou corrompu ?
Vieux N’Diaye, secrétaire du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (MEEL), défend son président avec conviction. «Pour nous, les jeunes, qui avons grandi sous les socialistes, il a fait beaucoup. Il a ouvert le pays aux investissements étrangers, moteur du développement, et il a tout changé.»
Le Sénégal s’est métamorphosé, avec les «grands chantiers» du président: autoroutes modernes, nouvelles infrastructures et initiatives de relance agricole ont revitalisé le pays. À l’étranger, le président a multiplié les initiatives diplomatiques, notamment en Libye. «Wade, c’est un patriote visionnaire!», s’exclame Vieux N’Diaye.

C’est justement ce que lui reproche Fadel Barro, leader du mouvement apolitique Y en a marre, responsable des grandes manifestations des jeunes le 23 juin dernier. «Wade n’a pas mis en priorité les préoccupations des Sénégalais. Il s’est occupé de futilités.» Barro dénonce particulièrement l’achat d’un avion présidentiel et l’érection du monument de la Renaissance, immense statue financée par la Corée du Nord en échange de terrains d’une valeur inconnue. «Pendant ce temps, à la saison des pluies, la banlieue est inondée et on a droit à des miettes.» Le militant dénonce aussi les coupures électriques quotidiennes, la cherté de la vie et les nombreux scandales de corruption qui ont entaché le pays dans les dernières années.
«Démocratie faiblissante»
Dans des câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks, Washington exprime sa crainte devant le manque de volonté du président de lutter contre la corruption et qualifie le pays de «démocratie faiblissante». Selon les autorités américaines, Wade serait plus préoccupé par sa succession que par la bonne gouvernance.
En 11 ans de pouvoir, 6 premiers ministres et plus d’une centaine de ministres se sont succédé selon les humeurs de Wade. Gorgui ne garde pas longtemps ses collaborateurs. Du coup, les successeurs légitimes sont rares. Mais Wade, malgré ses démentis, semble avoir choisi son héritier: son fils, Karim. Après avoir perdu les élections locales en 2009, le fils Wade, impopulaire, a été promu par son père au rang de superministre, responsable de plusieurs portefeuilles importants: Transports, Coopération, Énergie, Infrastructures.

Puis, la semaine dernière, Wade a tenté un coup de poker: une 17e modification à la Constitution en 11 ans pour créer un ticket de vice-président – comme aux États-Unis – et permettre l’élection du président au premier tour avec 25% des voix. Pour l’opposition, il est clair qu’il cherchait à la fois une réélection facile en 2012 et l’adoubement de son fils. C’est cet amendement qui a semé la colère des manifestants le 23 juin dernier, forçant Gorgui à retirer le projet de loi.
Depuis, le président se tait. Il n’est toujours pas candidat officiel à sa succession en 2012. S’il semble affaibli, il ne semble pas avoir dit son dernier mot.

Sources: El malick Seck

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