Extrait du discours du Premier Ministre Ousmane Sonko, Musée des civilisations, Centenaire de Frantz Fanon, Dakar 17 Décembre 2025.
En tant que Premier ministre du Sénégal,Je veux dire ceci devant vous, avec gravité, mais aussi avec une conviction inébranlable :Nous ne commémorons pas Fanon.Nous le continuons.Nous ne sommes pas ici pour déposer des fleurs sur une mémoire figée.Nous sommes ici pour reprendre le flambeau, pour avancer là où il a dû s’arrêter,Pour transformer un héritage en action,Pour transformer une pensée en politique publique,Pour transformer une indignation en institution.Lorsque nous avons refusé les pratiques politiques du passé,Les arrangements obscurs, les manipulationsinstitutionnelles,Les calculs de cour qui prenaient le pas sur le bien communNous avons posé un premier acte fanonien :Celui de dire non, enfin, à ce qui défigure l’État et trahit le peuple.Lorsque nous avons révélé la vérité sur les finances publiques,Lorsque nous avons mis à nu les passifs cachés, les mensonges comptables,Les dettes déguisées, les bilans maquillés,Lorsque nous avons entamé le chantier de laréappropriation des nos ressources naturelles et celui de la fin de la prédation de nos ressources financières et budgétaires par les surfacturations et la corruptiongénéralisée,Lorsque nous avons refusé la politique du silence et de la façade,Nous avons agi dans l’esprit de Fanon,Qui disait que la domination commence toujours par la dissimulation,Et que la liberté commence toujours par la vérité.Lorsque nous avons engagé la lutte contre la dépendance économique,Contre les accords qui brident,Contre la PRESENCE MILITAIRE ÉTRANGÈREContre les conditionnalités qui punissent,Contre les mécanismes monétaires qui ligotent,Nous avons rejoint le combat de Fanon,Lui qui affirmait que l’indépendance sans maîtrise de son économie n’est qu’un drapeau sans souveraineté.Lorsque nous avons défendu, sans trembler,La souveraineté de notre pays face aux pressions extérieures,Face aux injonctions, face aux chantages voilés ou explicites,Parce que nous avons affirmé que le Sénégal ne serait pas gouverné depuis l’extérieur,Qu’il ne serait pas manœuvré par la peur des marchés,Ni intimidé par les admonestations d’institutions qui ont trop souvent pris l’Afrique pour un laboratoire,Alors nous avons fait plus qu’un geste politique :Nous avons restauré notre dignité nationale.Lorsque nous avons proclamé haut et fort notre droit à choisir nos alliances,Nos partenariats, nos stratégies, nos amis et nos horizons.Lorsque nous avons dit que le Sénégal ne serait jamais l’appendice géopolitique de personne,Nous avons prolongé le rêve fanonien d’une Afrique qui s’autodétermine,D’un continent qui ne quémande plus, qui ne s’excuse plus,Mais qui assume pleinement sa place dans le monde.Oui : dans chacun de ces actes,Nous nous sommes inscrits dans la droite ligne du combat fanonien pour la dignité.Pas par posture.Pas par opportunisme.Mais par devoir historique.Fanon nous a appris à reconnaître ces élites qui se servent de l’État plutôt que de le servir :Celles qui transforment la fonction publique en rente,Celles qui s’inclinent devant l’étranger mais se redressent face au peuple,Celles qui parlent beaucoup et agissent peu.Fanon nous rappelait une exigence simple :Se méfier des gestionnaires de la dépendanceEt appeler des femmes et des hommes capables de rupture, d’intégrité et de courage.Notre démarche s’inscrit dans cet esprit :La sobriété dans l’exercice du pouvoir,La transparence dans la conduite des affaires publiques,Et la cohérence entre les paroles et les actes.

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