La dette constitue une part essentielle du budget de l’économie de la majeure partie des pays africains. Le service de la dette constitue par exemple sur les années 1992-1997, 35 % du budget du Cameroun et de la Côté d’Ivoire, 40 % de celui du Kenya et de la Zambie, 46 % de celui de la Tanzanie (dans le même temps la part des services sociaux constitue moins de 15 % du budget, 4 % au Cameroun)
Une partie essentielle de cette dette extérieure est constituée de la dette dite multilatérale, c’est-à-dire envers les institutions financières internationales où la représentation de ces pays n’a pratiquement aucun poids.
Selon le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde, la dette « est la conséquence de choix géopolitiques bien précis. Surtout elle est un puissant mécanisme de subordination des pays du Sud ».
On peut distinguer trois grandes phases dans le développement de cette dette :
1-Tout d’abord dans les années 1960-70, « la Banque mondiale incite les pays du Sud à emprunter dans l’espoir affiché de financer la modernisation de leur appareil d’exportation et les connecter au marché mondial. L’endettement est encore supportable pour les pays du Sud car ces prêts leur permettent malgré tout de produire davantage, donc d’exporter plus et de récupérer des devises pour les remboursements et de nouveaux investissements. »
2-À la fin de l’année 1979, les États-Unis amorcent un virage libéral, Paul Volcker, le directeur de la Réserve fédérale américaine, décide une forte augmentation des taux d’intérêt américains dans le but d’attirer les capitaux. De l’ordre de 4-5 % dans les années 1970, ils passent à 16-18 % au moins, voire davantage au plus fort de la crise, car la prime de risque devient énorme. Par conséquent, le Sud doit rembourser trois fois plus d’intérêts. C’est la crise de la dette.
3-Dès qu’un pays est contraint de stopper ses remboursements, le Fonds monétaire international (FMI) accepte de prêter l’argent nécessaire au taux fort à condition que le pays concerné accepte de mener la politique décidée par ses experts : la politique économique de l’État endetté passe sous contrôle du FMI. Les mesures préconisées sont inscrites dans un Plan d’ajustement structurel (PAS), qui correspond au même schéma libéral : abandon des subventions aux produits et services de première nécessité : pain, riz, lait, sucre, combustible… ; austérité budgétaire et réduction des dépenses, en général baisse drastique des budgets sociaux « non-productifs » (santé, éducation, subventions aux produits de base) ; dévaluation de la monnaie locale ; taux d’intérêt élevés, pour attirer les capitaux étrangers avec une rémunération élevée ; production agricole tout entière tournée vers l’exportation (café, coton, cacao, arachide, thé etc.) pour faire rentrer des devises, donc réduction des cultures vivrières et déforestation pour gagner de nouvelles surfaces ; ouverture totale des marchés par la suppression des barrières douanières ; libéralisation de l’économie, notamment abandon du contrôle des mouvements de capitaux et la suppression du contrôle des changes ; fiscalité aggravant encore les inégalités avec le principe d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et la préservation des revenus du capital ; privatisations massives des entreprises publiques, donc un désengagement de l’État des secteurs de production concurrentiels.
En 2009, le bilan des flux financiers montrent que, suite à la crise de la dette, les pays en voie de développements ont remboursé l’équivalent de 102 fois ce qu’ils devaient en 1970; dans le même temps leur dette a été multipliée par 48.
Le remboursement de la dette extérieure entre 1986 et 2007 correspond ainsi à l’équivalent de 7,5 plans Marshall injectés vers les pays du Nord après la seconde Guerre mondiale.
Ainsi selon le Comite pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM), « par l’intermédiaire de la dette, le transfert des richesses des peuples du Sud vers les classes dominantes du Nord avec la complicité de celles du Sud est à l’œuvre sous nos yeux ».
La dette extérieure publique de l’Afrique se chiffre à 130 milliards de dollars en 2009.
Le 10 juin 2009, deux collectifs d’associations françaises et belges réclament dans un rapport sur les « fonds vautours » la mise en place d’un véritable tribunal international de la dette. Ces associations soulignent que ces fonds spéculatifs «rachètent les dettes de pays pauvres à un prix extrêmement bas en vue de les contraindre par voie judiciaire à les rembourser au prix fort, engrangent des plus values colossales sur le dos des populations du Congo, de Zambie, du Pérou, d’Argentine ou du Nicaragua».
Elles pointent du doigt les responsabilités des pays riches, estimant notamment que « les justices française ou américaine donnent systématiquement raison aux fonds vautours contre les pays pauvres » et que « l’argent que la France et les pays riches ont consacré aux allègements de la dette se voit confisqué par des fonds privés au lieu de financer les dépenses sociales, comme annoncé ».
Si bien que L’Afrique est devenue un continent totalement délaissé dans la mondialisation : sa contribution dans le commerce mondial est très faible, et en déclin permanent, de 8 % dans les années 1990 à 2 % aujourd’hui et ses exportations sont constituées à 80 % de pétrole, des minerais et des produits agricoles.
Pourtant L’Afrique possède des gisements de minéraux (métaux), de pierres précieuses, de reserves d’or et de zinc. Les ressources (pétrole, gaz naturel, charbon) sont exploitées majoritairement par des grandes multinationales. Elles sont souvent dénoncées comme contribuant à la paupérisation des populations autochtones. Depuis quelques années, on assiste à l’exploitation de nouvelles ressources naturelles, notamment par les pays asiatiques (dont la Chine et l’Inde, notamment grâce à l’engagement chinois en Afrique et la diaspora indienne en Afrique de l’Est : notion de Chinafrique et Indafrique) ou pétroliers en manque de place : les terres agricoles sont achetées, et les surfaces concernées sont très importantes pour un continent qui subit la malnutrition et des famines régulières. Certains parlent de recolonisation de l’Afrique à ce sujet.
Une nouvelle Gouvernance Mondiale passe par la réparation des injustices subies par l’Afrique dans le traitement de la Dette. Cette dernière annihile tous les efforts de développements de nos jeunes nations et hypothèque l’avenir des générations futures.
Synthese de Seydina Oumar Toure
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si ça continue comme ça toujours été , l'Afrique va beaucoup plus souffrir encore de la faim d'abord ensuite de la pauvreté et surtout de la mauvaise gouvernance; pour moi le discours de SANGARA devrait ètre entendu par les chefs d’États africains d'hier etceux d'aujourd'hui . . .